L'acupuncture d'un ballon
Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi les bonnes idées, les très bonnes idées, ont souvent des concrétisations médiocres ? J'y ai beaucoup réfléchi. Depuis 18 ans que je suis copywriter, j'en ai été la victime moi aussi. Je pense (en suis-je vraiment sûr) que ce phénomène est ce que nous pourrions appeler le sabotage d'un ballon, ou l'assassinat d'une bonne idée.
Le processus de création offre presque toujours une grande liberté dans sa première étape. Le ciel est la limite. Les produits (biens ou services) sont littéralement les meilleurs. Les concurrents sont déjà battus lorsque nous nous asseyons à la table de conférence.
Une fois les conditions fixées, la réunion se conclut en général par des déclarations encourageantes :
"Nous allons faire du jamais vu !"
"Nous allons tout révolutionner ! "
... et ils ouvrent des yeux grands comme des soucoupes, gardent le silence, échangent des regards, se tournent vers le patron puis sortent les épingles
" Vous ne pouvez pas faire ça ! "
"Je croyais que nous allions avoir des annonces "
" Quelle illustration allez-vous y mettre ? "
" Il va falloir au moins 6 mois pour réaliser tout ça ! "
" Ce n'est pas ce que nous avons demandé ! "
" N'avions-nous pas parlé d'une campagne ? "
" Que vont faire nos concurrents? "
" Ca va nous coûter une fortune "
" Nous n'avons pas budgeté une telle dépense "
"Je ne vois vraiment pas comment vérifier si...
... si nous ne sommes pas en train de nous faire duper "
" Il n'y a rien de nouveau ! "
" Nous travaillons déjà dans cette ligne "
" L'idée est assez bonne mais quel dommage... "
" Ce n'est pas esthétique ! ça ne marchera jamais ! "
" Euh ! Il faut tout modifier "
" Quoi ? C'est ça, le marketing direct, ???? "
Etc... Etc...
J'ai dit avoir connu beaucoup de beaux ballons à idées qui n'ont jamais pris leur envol !
La raison en est que trop de responsables en réalité n'assument pas leurs responsabilités. Au lieu de s'asseoir pour prendre des décisions, ils promènent textes et dessins d'un service à l'autre, les présentent au patron, à leurs subordonnés, à leur secrétaire, à leur femme, à leurs enfants...
Pour des raisons complètement inexplicables, le processus des décisions de marketing en grande réunion a commencé. Plus on est de fous, plus on rit ! La victoire des moutons de panurge...
Vous rassemblez tous ceux qui ont quelque chose à dire et vous leur fournissez les épingles. Puis vous faites apporter le ballon, en espérant qu'il résistera !
Il n'a pas une chance !
Et comme vous le savez aussi bien que moi, ce sont toujours ceux qui disent NON qui l'emportent. Toujours. Toujours. Toujours !
Si 10 personnes se réunissent, dont 9 sont incertaines (peut-être parce qu'elles ont du mal à s'immerger dans le problème), et que le 10ème dise non, alors c'est NON. C'est toujours moins risqué de dire non. On a rarement besoin de se justifier.
L'idée même de faire des choix de marketing en groupe est absurde, et quiconque estime que c'est la chose à faire commet - à mon avis - une faute professionnelle. C'est pourtant ce qui se passe. Et pas seulement dans les grosses multinationales, vous le savez bien ! C'est sans doute un despotisme éclairé qui règne dans les services de marketing, pas une démocratie.
Or, il faut qu'il y ait une personne qui décide, une personne responsable, une personne qui ramasse les lauriers ou se fait fusiller. Sinon nous ne produisons que des messages médiocres et insignifiants qui reflètent les idées les moins audacieuses. Qui évacuent toute controverse. Qui pèsent les mots à n'en plus finir. Qui érigent le conformisme en credo et où le gris clair est la seule couleur qui plaise à tous.
Et ce sont ces mêmes (ir)responsables qui proclament: "Nous allons faire du jamais vu. Nous allons mettre le marché en révolution. Mettons le paquet..."
Nous sommes encore loin du jour où les groupes de conseil mutuel élimineront le marketing. Les despotes sont toujours vivants. Mais il y a aussi des hommes et des femmes courageuses qui savent ce qu'est le marketing. Qui décident. Qui prennent leurs responsabilités. Et qui risquent leur tête pour une bonne idée. Ce sont ces hommes et ces femmes qui lâchent les ballons à idées.
J'ai souvent risqué ma tête pour de bonnes idées ! J'ai souvent obtenu des moues désabusées... des BOF ! des " Ah bon tu crois ? ". Et puis finalement des " bravo " et des " tu avais raison ".
Un conseil si vous êtes copywriter comme moi : croyez-en vos idées ! défendez-les ! Et ne laissez pas les incompétents saboter vos ballons. Sinon, ils ne prendront jamais leur envol. C'est un conseil d'ami, dicté par mes 18 années d'expérience en copywriting et en marketing direct.
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